Le Guide de la Percussion

par Amélie Stillitano & Raphaël Simon

Bois

Sommaire

Bûche, rondin, planche, table, meuble, cagette, caisse en bois, malle...

Caractéristiques

Il existe une infinité d'objets en bois aux sonorités variées, déterminées par la nature du bois, les dimensions et la forme de l'objet. Plutôt que de dresser un inventaire forcément incomplet de ces objets et de leurs caractéristiques sonores, nous ferons l'inventaire des différents critères qui détermineront le choix de l'objet dans l'élaboration de l'instrumentarium.

Sustain

Par nature, le bois n'est pas un matériau résonant, cependant certains facteurs permettront d'obtenir un léger sustain.

Dimensions : généralement plus les objets seront grands, plus la résonance obtenue sera longue.

Epaisseur : dépendant aussi du paramètre précédant, l'épaisseur du bois joue un rôle important sur la résonance. Un bois trop épais ne vibrera pas longtemps, mais de même les objets les plus fins ont généralement un son très sec (cagette...). L'épaisseur optimale est généralement située entre 2 et 7 mm.

Forme : seuls les objets formant naturellement une caisse de résonance bénéficieront d'un sustain correct.

Support : le support influe peu sur le sutain de l'objet en bois, on limitera tout de même le nombre de points de contact de l'objet avec le support en le surélevant par des systèmes de petites cales ou de mousses.

Registre

Plusieurs paramètres influencent la hauteur de registre d'un objet en bois.

Dimensions : plus l'objet est grand plus son spectre est généralement grave.

Epaisseur : l'épaisseur du bois est déterminante, plus elle est réduite, plus le spectre sera généralement grave, et à l'inverse, plus  elle sera épaisse, plus le registre de l'objet sera aigu.

Dureté : plus le bois est tendre plus le son sera généralement grave, une dureté importante privilégiera l'aigu du spectre.

Baguettes : plus la baguette utilisée sera dure, et le diamètre de la tête réduit, limitant la dimension de la surface d'impact, plus elle privilégiera l'aigu du spectre d'un objet.

Dimensions

La dimension d'un objet influencera le sustain et le registre de l'instrument comme décrit ci-dessus, mais également son volume sonore. Il faudra donc adapter le choix de la taille de l'objet au reste de l'instrumentarium afin de maintenir l'équilibre sonore de la pièce. De plus, le paramètre des dimensions d'un objet sera déterminant dans l'élaboration du set-up. En effet un objet trop encombrant s'intègrera difficilement dans un set-up, et rendra l'enchaînement de frappes ou le jeu simultané avec d'autres instruments très difficile. D'autre part il sera compliqué de trouver un support adapté, sans risquer de chute accidentelle, et le poser au sol peut être contraignant pour le percussionniste. Sans parler du transport et de la manipulation de l'objet qui risquent d'en décourager plus d'un !

Support

Posé : on peut choisir de disposer l'objet sur une trap table, ou sur un pied de caisse-claire. Toutefois, attention aux objets de trop grandes dimensions qui pourraient être déséquilibrés par la frappe et tomber, ou qui obligeraient à la multiplication des pieds et des supports. Pour les grands objets type caisse en bois, on pourra les disposer à même le sol, en veillant toutefois à ce que sa surface de frappe soit sur le même plan horizontal que les autres instruments du set-up. On pourra pour cela légèrement le surélever par des cales ou des praticables.

Suspendu : les bois ayant peu de résonance naturelle, la position suspendue n'a pas de réel intérêt, compte tenu notamment des problèmes de stabilité et de positionnement à la verticale qui en découlent. D'autre part cela évitera au percussionniste d'user sa perceuse !

Nature du bois

La nature du bois influe bien évidemment sur la sonorité de l'objet. On distinguera tout d'abord le bois massif d'essence courante, précieuse ou exotique, des matériaux composites tels que les panneaux de contreplaqué ou d'aggloméré, mélanges de bois et de résine, qui offriront une sonorité beaucoup moins riche et intéressante. Toutefois les objets n'étant pas fabriqués dans le but d'une utilisation musicale, leur composition précise n'est pas forcément divulguée par les fabricants, et est souvent difficile à identifier. L'indication précise de l'essence de bois souhaitée par le compositeur compliquera donc grandement la tâche du percussionniste, et doit être limitée à des cas spécifiques, dans le cas d'une idée musicale précise par exemple.

Baguettes, Mailloches, Mains ?

Le choix des baguettes se fera en fonction du résultat sonore souhaité mais également de la résistance (nature du bois, dureté, épaisseur...) de la zone de frappe. En effet, des baguettes trop dures risquent de marquer voire de fendre certains bois, mais à l'inverse des baguettes trop molles ne feront pas sonner les bois les plus résistants.

Baguettes de xylophone

On pourra utiliser des baguettes aux têtes plastique ou bois afin de colorer la sonorité de l'objet. Attaque très définie, privilégie l'aigu du spectre, sustain plutôt réduit.

Utilisation : bûche, rondin, planche, table, meuble, cagette, caisse en bois, malle...

Baguettes de caisse-claire

Frappe possible avec l'olive ou la douille de la baguette, attaque très définie, privilégie l'aigu du spectre (surtout avec l'olive), sustain réduit. Le manque de poids de l'olive et sa petite taille produiront une sonorité légère et ne permettront pas de faire bien sonner les objets en bois les plus massifs.

Utilisation : planche, table, meuble, cagette, caisse en bois, malle...

Baguettes de multi-percussion

Attaque bien définie, son puissant, spectre équilibré, sustain moyen.

Utilisation : bûche, rondin, planche, table, meuble, cagette, caisse en bois, malle...

Baguettes de vibraphone

Attaque moyennement définie, spectre équilibré à grave selon la dureté de la baguette, sustain important. Cependant ces baguettes demeurent fragiles et on limitera leur utilisation dans les nuances fortes, notamment sur des matériaux très durs.

Utilisation : planche, table, meuble, cagette, caisse en bois, malle...

Maillets

Sur les objets très épais et de grandes dimensions, seuls des maillets en bois, permettent de réellement mettre en vibration l'imposante masse de bois. Attaque très définie, son extrêmement puissant (voire dangereux pour les tympans du percussionniste ou le cœur de ses voisins !), spectre équilibré, sustain correct. Le poids important de ces baguettes est à prendre en compte dans l'écriture musicale, car il limite les possibilités de rebond et de virtuosité. Bien évidemment on ne les utilisera pas sur les instruments plus fragiles !

Utilisation : caisse en bois, malle...

Sticks

Composés d’une série de brins en bois, son boisé et léger, attaque définie, privilégie l’aigu du spectre, sustain très réduit, palette de nuances réduite (pianissimo à forte). La légèreté des sticks ne produira quasiment aucun son sur les objets en bois imposants et épais, à part la sonorité du stick lui-même.

Utilisation : planche, table, meuble, cagette, caisse en bois, malle...

Balais

Nombreuses possibilités de son en fonction du réglage de l'écartement entre les fibres du balai. Attaque définie mais micro impacts multiples, son aigu et très léger, palette de nuances réduite (de pianissimo à mezzoforte). L'utilisation des techniques « frottées » est particulièrement adaptée à ce type de baguette. Comme les sticks, la légèreté des balais ne produira quasiment aucun son sur les objets en bois imposants et épais, à part sa propre sonorité.

Utilisation : planche, table, meuble, cagette, caisse en bois, malle...

Mains

On peut utiliser les mains sur de nombreux objets en bois, ce qui permet une grande variété d’attaques et de nombreuses subtilités de jeu, palette de nuances réduite (pianissimo à mezzo forte). Ce jeu fonctionnera toutefois mieux sur les bois fins, les coups de la main sur une bûche risquent de blesser l'interprète pour un résultat peu concluant, tout comme des nuances trop élevées !

Utilisation : planche, table, meuble, cagette, caisse en bois, malle...

Techniques instrumentales

Modes de jeu

Frappe simple : la baguette frappe l'objet et remonte tout de suite. Il n’y a qu’un seul impact.

Redoublement : la baguette rebondit deux fois sur l'objet avec un contrôle précis. Le rebond est utilisé à la fois pour les roulements détaillés, mais s’emploie également combiné avec des coups simples afin de réaliser des figures rythmiques complexes.
Buzz : la tête de la baguette frappe l'objet et produit un nombre important et indéterminé de rebonds. Seules des baguettes à tête dure (caisse-claire ou multi-percussion) permettront de réaliser cette frappe.
Glissé : consiste à glisser la tête de la baguette sur la surface du bois, la vitesse et le tracé du mouvement ainsi que la pression exercée sur la baguette permettant une grande variété d'effets.

Frotté : on conserve les caractéristiques du glissé mais en y ajoutant des mouvements latéraux du poignet plus ou moins rapides.
 
Ces deux techniques seront cependant relativement peu sonores sur les bois. L'utilisation de balais est particulièrement adaptée aux effets glissés et frottés. Il est par ailleurs possible de mélanger les glissés et frottés avec les autres modes de jeu, de manière indépendante entre les mains (une main frotte, l’autre frappe), ou bien mêlée (les deux mains maintiennent les effets frottés tout en introduisant des éléments frappés dans le discours musical).

Roulements

Alterné : pas de rebonds, les mains alternent à chaque note. Ce type de roulement n'est pas très rapide, ne faisant appel qu’à l’articulation des poignets et non aux rebonds des baguettes. Par ailleurs, il permet d'atteindre des nuances très puissantes.
Détaillé : chaque baguette rebondit deux fois seulement, attaques perceptibles même à très grande vitesse.
Buzz : la tête de la baguette frappe l'objet et produit un nombre important et indéterminé de rebonds. Roulement très fourni, et inarticulé, attaque quasi imperceptible.

Répertoire & Notations

HAPPY END DE GEORGES APERGHIS (nomenclature) © Georges Aperghis. Reproduit avec l’aimable autorisation du compositeur
HAPPY END DE GEORGES APERGHIS (nomenclature) © Georges Aperghis. Reproduit avec l’aimable autorisation du compositeur
HAPPY END DE GEORGES APERGHIS (page 5) © Georges Aperghis. Reproduit avec l’aimable autorisation du compositeur
HAPPY END DE GEORGES APERGHIS (page 5) © Georges Aperghis. Reproduit avec l’aimable autorisation du compositeur
HAPPY END DE GEORGES APERGHIS (page 17) © Georges Aperghis. Reproduit avec l’aimable autorisation du compositeur
HAPPY END DE GEORGES APERGHIS (page 17) © Georges Aperghis. Reproduit avec l’aimable autorisation du compositeur
HAPPY END DE GEORGES APERGHIS (page 30) © Georges Aperghis. Reproduit avec l’aimable autorisation du compositeur
HAPPY END DE GEORGES APERGHIS (page 30) © Georges Aperghis. Reproduit avec l’aimable autorisation du compositeur
HAPPY END DE GEORGES APERGHIS (page 51) © Georges Aperghis. Reproduit avec l’aimable autorisation du compositeur
HAPPY END DE GEORGES APERGHIS (page 51) © Georges Aperghis. Reproduit avec l’aimable autorisation du compositeur
HAPPY END DE GEORGES APERGHIS (page 67) © Georges Aperghis. Reproduit avec l’aimable autorisation du compositeur
HAPPY END DE GEORGES APERGHIS (page 67) © Georges Aperghis. Reproduit avec l’aimable autorisation du compositeur
PERSEPHASSA DE IANNIS XENAKIS (nomenclature) © Musique Contemporaine. Reproduit avec l’aimable autorisation de MGB Hal Leonard
PERSEPHASSA DE IANNIS XENAKIS (nomenclature) © Musique Contemporaine. Reproduit avec l’aimable autorisation de MGB Hal Leonard
PSAPPHA DE IANNIS XENAKIS (note explicative) © Editions Salabert. Reproduit avec l’aimable autorisation de MGB Hal Leonard
PSAPPHA DE IANNIS XENAKIS (note explicative) © Editions Salabert. Reproduit avec l’aimable autorisation de MGB Hal Leonard