Le Guide de la Percussion

par Amélie Stillitano & Raphaël Simon

Percussion dans l'orchestre

Avant de lire ce qui suit, il est recommandé de lire d'abord la première partie des Trucs et Astuces consacrée à la "Percussion Solo", mais également la partie "Ensemble de percussions" lorsque l'on écrit pour plusieurs percussionnistes. Vous ne trouverez dans cette partie "La percussion dans l'orchestre" que des conseils complémentaires spécifiques à cette formation instrumentale.
La place des percussions au sein de l'orchestre a connu une évolution spectaculaire au cours du XXème siècle, suite à l'explosion du nombre d'instruments, mais également les progrès techniques des percussionnistes eux-mêmes. D'un rôle de simple coloration de timbre ou de ponctuation rythmique, la percussion a aujourd'hui une importance équivalente aux autres familles d'instruments, et ouvre de nombreuses portes à la musique symphonique.
 

Instrumentarium & Ecriture

Répartition des instruments

Le nombre de percussionnistes nécessaire à la réalisation d'une œuvre symphonique doit bien entendu être déterminé par l'écriture musicale, mais il faut tout de même garder à l'esprit certaines considérations plus terre à terre ! En effet la majorité des orchestres en France et à l'étranger ont un timbalier titulaire, et entre un et quatre percussionnistes titulaires. Au-delà de ce nombre l'orchestre doit recruter des supplémentaires, et si cela ravi les percussionnistes à la recherche de cachets, les administrateurs d'orchestre apprécient nettement moins ces coûts supplémentaires. Sans limiter le nombre d'interprètes il convient donc d'optimiser les parties musicales de chaque percussionniste.

En effet, si dans le répertoire classique un percussionniste joue la partie de triangle, un autre la partie de tambourin, un autre la caisse-claire etc, le compositeur ou l'arrangeur doit garder à l'esprit que les percussionnistes d'orchestre ont eu une formation complète sur l'ensemble des instruments de percussion, et qu'il leur est tout à fait possible de jouer des parties de multi-percussion. Outre le fait d'offrir aux percussionnistes un rôle plus soliste, voire un bon challenge, cela permet au compositeur une grande liberté dans l'écriture des parties de percussion, et il gèrera alors la répartition des instruments comme il le ferait pour un ensemble de percussions. Attention toutefois aux conventions propres à chaque pays qui règlementent dans certains cas très spécifiquement les instruments ou familles d'instruments que chaque percussionniste est susceptible de jouer, chaque ajout induisant une prime pour l'interprète, et un coût finalement exorbitant pour l'orchestre.

Statut du timbalier : il est important de souligner, que par son ancienneté, le timbalier a un rôle particulier au sein de l'orchestre. Présent dans les effectifs de tous les orchestres à partir de la formation Mozart, sa particularité consiste à ne jouer exclusivement que des timbales. Les réglementations et conventions en vigueur dans les orchestres, spécifient généralement que le timbalier ne peut jouer d'un autre instrument qu'à la condition qu'il touche une prime. Autrement dit, si un réel set de multi-percussions autour des timbales peut être intéressant, faire jouer au timbalier une partie de triangle ou de claves sur un court passage peut se révéler scandaleusement coûteux ! On veillera dans tous les cas à l'agencement des instruments autour des timbales, car leurs dimensions importantes rendent tout autre instrument difficilement atteignable simultanément aux timbales.

Spatialisation

Traditionnellement les percussionnistes sont installés au fond de l'orchestre, le timbalier généralement au centre. Cette disposition permet notamment de faciliter la mise en place de passages rythmiques avec les cuivres ou les contrebasses. Cependant, si la salle le permet, il est tout à fait possible de positionner un ou plusieurs percussionnistes à divers endroits du plateau ou de la salle, pour un effet particulier. Attention toutefois au déséquilibre que cela pourra provoquer entre la percussion généralement sonore et à l'attaque très directe, et l'inertie de son des cordes par exemple.

Espace scénique : dans le cas de pièces pour grand orchestre, il est nécessaire de conserver les dimensions du pupitre de percussions en tête. Les percussionnistes sont habituellement étalés sur toute la largeur de l'arrière scène, cependant la profondeur peut parfois être limitée. Le cas des fosses d'opéra est encore plus délicat, l'espace y étant souvent plus que restreint, et l'accessibilité parfois difficile. De plus, cet espace confiné  concentre rapidement une très grande pression acoustique, et des parties de percussions fortissimo sur une durée prolongée peuvent être un réel désagrément pour les musiciens. L'utilisation de paravents acoustiques ou de bouchons auditifs peuvent réduire cet inconfort mais au détriment d'une écoute collective pourtant indispensable pour un résultat optimum. Mieux vaut donc ne pas exagérer les nuances, et privilégier des pics d'intensité de courte durée.

La partition

Format de la partition

Score : les parties de percussion sont généralement au centre du score, au-dessus des parties de piano et de harpe (elles-mêmes au-dessus des cordes), et en-dessous des cuivres, les timbales étant généralement situées au-dessus des parties de percussion. Il est indispensable de noter quels instruments sont joués par chaque percussionniste en début de page, plutôt qu'un simple "percussion 3" qui obligera le chef d'orchestre à retourner parfois plusieurs pages en arrière, pour se remémorer de quel instrument joue le 3ème percussionniste !

Parties séparées : deux formats existent et dépendront surtout de la quantité d'instruments utilisés par les percussionnistes.
  • Partie individuelle : chaque percussionniste a une partition individuelle avec des répliques du reste de l'orchestre ou des autres percussionnistes.
  • Scores du pupitre de percussions : toutes les parties de percussion sont regroupées dans un même système, toujours dans le même ordre. Ce format facilite la mise en place des parties au sein du pupitre de percussions, mais n'est pas valable dans le cas d'une multitude d'instruments qui rendraient la partition illisible.
Le système qui consiste a avoir une partition par instrument est complètement obsolète ! En effet il incombe au compositeur de réfléchir à la répartition des instruments en fonction du nombre de percussionnistes, et de proposer des partitions complètes à chaque interprète.