Il existe une infinité d'objets métalliques aux sonorités variées, déterminées par la nature du métal, les dimensions et la forme de l'objet. Plutôt que de dresser un inventaire forcément incomplet de ces objets et de leurs caractéristiques sonores, nous ferons l'inventaire des différents critères qui détermineront le choix de l'objet dans l'élaboration de l'instrumentarium.

Les métaux peuvent disposer d'un sustain très important, déterminé par de nombreux facteurs :

Dimensions : généralement plus les objets seront grands, plus la résonance obtenue sera longue.

Epaisseur : dépendant aussi du paramètre précédant, l'épaisseur du métal joue un rôle important sur la résonance. Un métal trop épais ne vibrera pas longtemps, mais de même les métaux les plus fins ont généralement un son très sec (boites de conserves...). L'épaisseur optimale est généralement située entre 2 et 7 mm.

Forme : les objets présentant de vastes surfaces planes auront un sustain plus important, les nombreuses arrêtes cassant la résonance du son. Par ailleurs les objets au volume important formeront une caisse de résonance naturelle prolongeant alors légèrement le sustain, même lorsqu'ils sont joués posés.

Support : pour conserver un maximum de résonance il est essentiel de réduire le nombre de points de contact de l'objet avec le support. On choisira alors de le suspendre à un portique, ou à pied de cymbale. Dans le cas d'un instrument posé sur une trap table, on le surélèvera par des systèmes de petites cales ou de mousses afin de limiter au maximum le contact avec la tablette. Posé à plat le sustain de l'instrument sera quasi inexistant.

Plusieurs paramètres influencent la hauteur de registre d'un objet métallique.

Dimensions : plus l'objet est grand plus son spectre est généralement grave.

Epaisseur : l'épaisseur du métal est déterminante, plus elle est réduite, plus le spectre sera généralement grave, et à l'inverse, plus  elle sera épaisse, plus le registre de l'objet sera aigu.

Baguettes : plus la baguette utilisée sera dure, et le diamètre de la tête réduit, limitant la dimension de la surface d'impact, plus elle privilégiera l'aigu du spectre d'un objet.

La dimension d'un objet influencera le sustain et le registre de l'instrument comme décrit ci-dessus, mais également son volume sonore. Il faudra donc adapter le choix de la taille de l'objet au reste de l'instrumentarium afin de maintenir l'équilibre sonore de la pièce. De plus, le paramètre des dimensions d'un objet sera déterminant dans l'élaboration du set-up. En effet un objet trop encombrant s'intègrera difficilement dans un set-up, et rendra l'enchaînement de frappes ou le jeu simultané avec d'autres instruments très difficile. D'autre part il sera compliqué de trouver un support adapté, sans risquer de chute accidentelle, et le poser au sol peut être contraignant pour le percussionniste. Sans parler du transport et de la manipulation de l'objet qui risquent d'en décourager plus d'un !

Suspendu : l'objet est suspendu à l'aide de cordelettes, généralement fixées en deux points en haut de l'objet, à un portique ou à un pied de cymbale. Ce type de support permet de garder le sustain naturel de l'objet, mais oblige généralement à jouer la surface  de frappe à la verticale. De plus, en fonction des dimensions et du poids de l'objet suspendu, celui-ci risque de pivoter sur lui-même ou selon un mouvement de balancier lorsqu'on le percute, et ainsi perdre ses propriétés de rebond compliquant grandement le jeu du percussionniste. On pourra pour éviter cela ajouter des points de fixation sur la partie inférieure de l'objet, mais on perdra alors une partie de son sustain.

Posé : on peut choisir de disposer l'objet sur une trap table, ou sur un pied de caisse-claire. Si cette solution réduit le sustain de l'instrument, elle permet d'une part de positionner l'objet au cœur du set-up, mais aussi de le jouer en position horizontale, facilitant le jeu simultané avec d'autres instruments et les enchaînements virtuoses. Toutefois, attention aux objets de trop grandes dimensions qui pourraient être déséquilibrés par la frappe et tomber, ou qui obligeraient à la multiplication des pieds et des supports.

La nature du métal ou de l'alliage influe bien évidemment sur la sonorité de l'objet. Ainsi une casserole de mêmes dimensions en cuivre ou en fonte n'aura pas les mêmes caractéristiques sonores. Toutefois les objets n'étant pas fabriqués dans le but d'une utilisation musicale, leur composition précise n'est pas forcément divulguée par les fabricants, et est souvent difficile à identifier. L'indication précise du métal ou de l'alliage souhaité par le compositeur compliquera donc grandement la tâche du percussionniste, et doit être limitée à des cas spécifiques, dans le cas d'une idée musicale précise par exemple.

Le choix des baguettes se fera en fonction des dimensions, de la dureté, de l'épaisseur de l'objet, mais bien évidemment également du résultat sonore souhaité.

Les baguettes en laiton sont particulièrement adaptées aux objets métalliques, attaque extrêmement brillante, très grande projection, privilégient l'aigu du spectre, sustain réduit. Toutefois sur les objets très fins la petite tête de ces baguettes risque de laisser de nombreux impacts, modifiant le registre et créant une surface de frappe irrégulière. A l'inverse, le manque de poids de la tête de la baguette ne permettra pas de faire bien sonner des objets trop épais (enclume, rail de chemin de fer...). On pourra obtenir un résultat équivalent avec une batte de triangle ou une tige métallique.

Utilisation : plaque d'acier, casserole, conserve, bidon, cantine, tiges, tubes, tambour de frein, ressort...

On privilégiera les têtes en plastique aux têtes en bois plus fragiles. Attaque très brillante et définie, bonne projection, privilégie l'aigu du spectre, sustain plutôt réduit.

Utilisation : plaque d'acier, casserole, conserve, bidon, cantine, tiges, tubes, tambour de frein, ressort...

Frappe possible avec l'olive ou la douille de la baguette, attaque très définie, privilégie l'aigu du spectre (surtout avec l'olive), sustain réduit. Le manque de poids de l'olive et sa petite taille ne permettront pas de faire bien sonner les objets métalliques et on obtiendra une sonorité légère.

Utilisation : plaque d'acier, casserole, conserve, bidon, cantine, tambour de frein, ressort...

Attaque bien définie, son puissant, spectre équilibré, sustain moyen.

Utilisation : plaque d'acier, casserole, conserve, bidon, cantine, tiges, tubes, tambour de frein, ressort...

Attaque moyennement définie, spectre équilibré à grave selon la dureté de la baguette, sustain important. Cependant ces baguettes demeurent fragiles et on limitera leur utilisation dans les nuances fortes, notamment sur des matériaux très durs.

Utilisation : plaque d'acier, casserole, conserve, bidon, cantine, ressort...

Leur utilisation est particulièrement adaptée aux objets métalliques présentant une surface plane de grande taille, généralement suspendus. Les sonorités obtenues sont parfois surprenantes et peuvent rappeller celles d'un gong, d'un tam ou d'une cloche plaque. Attaque peu définie, privilégie le grave du spectre, sustain très important.

Utilisation : grande plaque d'acier, plat à paëlla, bidon...

Sur les objets très épais, seuls des marteaux, ou des massettes, permettent de réellement mettre en vibration l'imposante masse de métal. Attaque très définie, son extrêmement puissant (voire dangereux pour les tympans du percussionniste ou de ses voisins), privilégie l'extrême aigu du spectre, sustain très réduit. Le poids important de ces baguettes est à prendre en compte dans l'écriture musicale, car il limite les possibilités de rebond et de virtuosité. Bien évidemment on ne les utilisera pas sur les instruments plus fragiles !

Utilisation : enclume, rail de chemin de fer, coin de bûcheron...

Composés d’une série de brins en bois, son boisé et léger, attaque définie, privilégie l’aigu du spectre, sustain très réduit, palette de nuances réduite (pianissimo à forte).

Utilisation : plaque d'acier, casserole, conserve, bidon, cantine, tiges, tubes, tambour de frein, ressort...

Nombreuses possibilités de son en fonction du réglage de l'écartement entre les fibres du balai. Attaque définie mais micro impacts multiples, son aigu et très léger, palette de nuances réduite (de pianissimo à mezzoforte). L'utilisation des techniques « frottées » est particulièrement adaptée à ce type de baguette.

Utilisation : plaque d'acier, casserole, conserve, bidon, cantine, tiges, tubes, tambour de frein, ressort...

On peut utiliser les mains sur de nombreux objets métalliques, ce qui permet une grande variété d’attaques et de nombreuses subtilités de jeu, palette de nuances réduite (pianissimo à mezzo forte). Ce jeu fonctionnera toutefois mieux sur les métaux fins, les coups de la main sur une enclume risquent de blesser l'interprète pour un résultat peu concluant !

Utilisation : plaque d'acier, casserole, conserve, bidon, cantine, tiges, tubes, tambour de frein, ressort...

Frappe simple : la baguette frappe l'objet et remonte tout de suite. Il n’y a qu’un seul impact.

Redoublement : la baguette rebondit deux fois sur l'objet avec un contrôle précis. Le rebond est utilisé à la fois pour les roulements détaillés, mais s’emploie également combiné avec des coups simples afin de réaliser des figures rythmiques complexes. Toutefois ce mode de jeu n'est possible que sur des objets présentant une surface de frappe relativement dure, et en privilégiant les métaux posés sur un support.

Buzz : la tête de la baguette frappe l'objet et produit un nombre important et indéterminé de rebonds. Seules des baguettes à tête dure (caisse-claire ou multi-percussion) permettront de réaliser cette frappe.

Dead Stroke : la tête de la baguette reste collée à l'objet, étouffant directement le son, il ne reste alors plus aucune résonance. Cependant, sur des objets de grandes dimensions, le Dead Stroke ne supprime pas toute les résonances du métal, et il convient de l'étouffer simultanément avec l'autre main afin d'obtenir un résultat optimal. D'autre part pour réaliser cette technique il faudra s'assurer que l'objet est suffisamment stable pour rester collé à la baguette, et on évitera donc les objets suspendus.

Glissé : consiste à glisser la tête de la baguette sur la surface du métal, la vitesse et le tracé du mouvement ainsi que la pression exercée sur la baguette permettant une grande variété d'effets.

Frotté : on conserve les caractéristiques du glissé mais en y ajoutant des mouvements latéraux du poignet plus ou moins rapides.
 
L'utilisation de balais est particulièrement adaptée aux effets glissés et frottés. Il est par ailleurs possible de mélanger les glissés et frottés avec les autres modes de jeu, de manière indépendante entre les mains (une main frotte, l’autre frappe), ou bien mêlée (les deux mains maintiennent les effets frottés tout en introduisant des éléments frappés dans le discours musical).

Alterné : pas de rebonds, les mains alternent à chaque note. Ce type de roulement n'est pas très rapide, ne faisant appel qu’à l’articulation des poignets et non aux rebonds des baguettes. Cependant, sur les métaux très résonants, il n’est pas nécessaire de rouler extrêmement vite pour obtenir un roulement fourni et régulier. Par ailleurs, il permet d'atteindre des nuances très puissantes. Afin d'obtenir un roulement sans attaque on privilégiera l'utilisation de baguettes de vibraphone plutôt douces ou de mailloches. Ce roulement est le seul réellement réalisable sur les métaux suspendus.

Détaillé : chaque baguette rebondit deux fois seulement, attaques perceptibles même à très grande vitesse.

Buzz : la tête de la baguette frappe l'objet et produit un nombre important et indéterminé de rebonds. Roulement très fourni, et inarticulé, attaque quasi imperceptible.

Avec les objets ayant un sustain naturel très important, il est parfois nécessaire d'étouffer le son. Plusieurs techniques sont possibles et peuvent se compléter.

Etouffement avec la main : la main libre se pose ou saisit silencieusement l'objet, l'étouffement peut être très rapide et net, notamment sur des modèles de petite taille.

Etouffement avec la main tenant la baguette : l’étouffement est moins commode à cause de la gêne occasionnée par la tenue de la baguette. Cependant cette technique permet un étouffement à deux mains, indispensable dans le cas d'objets de grandes dimensions si l'on souhaite l'arrêt immédiat et complet du son. Le percussionniste pourra dans ce cas également s'aider en appuyant son corps contre le métal.

Archet : l'utilisation d'un archet est possible sur la plupart des métaux suspendus, et sur tous les objets présentant un minimum de sustain naturel et une arrête acérée, afin que l'archet puisse accrocher. Le résultat sonore sera cependant très variable. Il est souvent nécessaire d’utiliser les deux mains pour manier l’archet sur les objets suspendus, l’une tenant bien évidemment l’archet, l’autre maintenant l'instrument en place afin d'optimiser l'effet.

Scratch : technique qui consiste à frotter le corps de l'objet avec une pièce métallique (pièce de monnaie, batte de triangle, baguette de glockenspiel…), ou éventuellement avec un manche de baguette, en exerçant un mouvement rapide. On obtient alors une sorte de raclement plus ou moins granuleux et sonore.

Grincement : il est possible de glisser la douille de la baguette perpendiculairement à la surface de l'objet, en exerçant une forte pression, créant ainsi un effet de grincement en glissant sur le métal. Le tracé et la pression exercée avec la baguette permettent d'obtenir des sonorités variées, et parfois surprenantes  ! Pour réaliser un grincement on choisira des objets présentant une surface plane qui permettra de maintenir la baguette perpendiculaire suffisamment longtemps pour produire l'effet.

Super Ball : l'utilisation de cette baguette, dont la tête est formée d'une balle en plastique, crée un effet de grincement en glissant sur la surface plane du métal. Le tracé et la pression exercée avec la baguette influent sur le résultat sonore, qui peut parfois être surprenant !

Jeu dans l'eau : il est possible de plonger les objets métalliques dans l’eau afin d’obtenir un effet de glissando. Cependant, le contact du métal avec l’eau n’est pas recommandé, et il est préférable d'utiliser des métaux qui ne rouilleront pas.

Vibrations métalliques : en appliquant une chaîne contre un instrument en vibration (tam, gong, grosse-caisse...) après la frappe, on obtient un grésillement métallique et sonore. On peut varier la fréquence et la vitesse des vibrations en jouant sur la pression exercée sur la chaîne, sa position et les différentes zones de frappe.