L’écriture de pièces à vocation pédagogique est un exercice contraignant mais indispensable à la formation des interprètes de demain, afin que dès leur plus jeune âge, ils puissent se familiariser avec le langage des compositeurs d'aujourd'hui. Cet exercice est certes délicat, le compositeur devant s'assurer que les modes de jeux et techniques demandées soient adaptées au niveau de l’interprète visé, mais il est également intéressant car il consiste finalement à transmettre une idée musicale dans une écriture la plus épurée possible, sans aucun artifice de virtuosité.

La progression dans les classes de percussion se fait classiquement selon la répartition suivante :
 

• Cycle I : caisse-claire, xylophone, timbales (pédalage assez limité), accessoires (tambourin, triangle, castagnettes...), claviers technique 2 baguettes, petits set-ups.
• Cycle II : perfectionnement de la technique, pédalage timbales et accord autonome, modes de jeu particuliers, claviers technique 4 baguettes (vibraphone, marimba), set-ups importants.
• Cycle III : pièces du répertoire, autonomie dans la gestion d'un set-up.

Lorsque l'on souhaite écrire des pièces pédagogiques il faut apporter un soin très particulier au choix des instruments, qui respectera bien évidemment la progression énoncée ci-dessus, et en limitera le nombre. En effet plus le set-up sera imposant plus cela multipliera les difficultés techniques de l'élève, car au-delà de la maîtrise de chaque instrument il devra gérer les changements de baguettes et déplacements. Il convient donc de tenir compte de ces difficultés supplémentaires lors de l'écriture.

Il faudra également prendre en considération la morphologie de l'élève et sa taille. En effet, écrire une pièce pour cloches tubulaires, même simple rythmiquement, peut se transformer en exercice acrobatique pour un enfant de six ou sept ans ! Il existe toutefois des systèmes d'estrades qui permettent à l'élève de gagner quelques centimètres, et les pieds réglables permettent généralement d'ajuster les instruments à la taille de l'élève.

Lors de l'écriture de pièces pédagogiques il faut bien évidemment adapter les difficultés au niveau des élèves, tant sur le plan rythmique, musical que technique. On ciblera de préférence quelques difficultés par pièces afin que l'élève se concentre dessus, plutôt qu'une accumulation de modes de jeu et d'effets spéciaux, ou de variations sur les zones de frappes, qui disperseront l'attention du percussionniste pour un apprentissage finalement peu approfondi.

Temps de préparation : les temps de préhension et de pose des accessoires, ainsi que les déplacements sont à intégrer dans le discours musical, et plus l'on écrit pour de petits niveaux plus ce temps de préparation sera important. Il est d'ailleurs intéressant pour les élèves que ces instructions soient notées sur la partition afin qu'ils apprennent à limiter les bruits parasites, à anticiper leurs mouvements, mais également à les considérer comme partie intégrante du discours musical.

Les changements de baguettes sont des opérations délicates dans les premières années. En effet les grips (techniques de tenue de baguettes) ne sont pas encore bien maîtrisés par les élèves, et il leur faut un certain délai pour prendre en main correctement les baguettes. Cette difficulté augmente encore lors de l'apprentissage du jeu à 4 baguettes, ou encore lors de l'utilisation de baguettes panachées. Il ne s'agit toutefois en aucun cas de limiter les changements de baguettes, apprentissage indispensable dans la formation du percussionniste, mais de permettre à l'élève d'anticiper au maximum ces changements, et de lui accorder le temps nécessaire pour les réaliser en les intégrant au discours musical.

Nomenclature : une liste des divers instruments, accessoires et baguettes utilisés au cours de la pièce, sera une aide à la fois pour l'élève mais également pour le professeur qui pourra déterminer en un coup d'œil si l'œuvre est adaptée au niveau de l'élève. A cette fin le compositeur, en collaboration avec des professeurs de percussion, pourra donner un indice de difficulté de la pièce et spécifier à quel niveau elle s'adresse. Cela facilitera également la diffusion de l'œuvre, les professeurs recherchant généralement des pièces par niveaux, pour les examens par exemple. 

Plan de set-up : un schéma clair du plan de set-up est indispensable lorsque l'on compose pour de jeunes élèves. En effet même si la capacité à concevoir un set de muti-percussions fait partie de la formation du percussionniste, cet exercice ne se maîtrise pas si aisément. Le professeur sera bien entendu là pour aiguiller l'élève, mais un plan de set-up clair l'aidera à en comprendre et visualiser les rouages, et l'habituera à lire un schéma et à réagir en fonction des demandes du compositeur.

Récapitulatif global des notations : si joindre une notice des modes de jeu rencontrés dans la pièce est intéressant pour un percussionniste professionnel, cette démarche est indispensable dans le cas de pièces pédagogiques. En effet votre pièce sera peut être la première confrontation de l'élève avec certaines techniques instrumentales, qu'il convient donc de décrire avec précision. Il peut également être judicieux d'y joindre des schémas descriptifs clairs afin de faciliter l'assimilation de l'élève. Il faudra également veiller à employer la terminologie normalisée en percussion afin qu'il se familiarise dès son plus jeune âge avec les termes qu'il rencontrera tout au long de sa vie percussionnistique. 

Les partitions pédagogique se doivent d'être les plus claires et les plus explicitent possible. Il convient donc d'éviter de surcharger les partitions de dizaines d'annotations afin que le discours musical soit clairement lisible et assimilable.

Tournes de page : dans le cas de partitions nécessitant une ou plusieurs tournes, il est judicieux de les prévoir lors de la pagination de la partition et de s'assurer que l'élève aura suffisamment de temps pour les réaliser. Il est même possible d'indiquer clairement les tournes sur la partition, et on évitera bien sûr de demander d'autres actions simultanément (prendre un accessoire, changement de baguettes...) pour que l'élève puisse focaliser son attention sur une tourne rapide et silencieuse.